Le métier de développeur existera-t'il encore dans 20 ans ?

Entre l'évolution de l'intelligence artificielle et l'arrivée des outils "no-code", quel sera le sort du métier de développeur ?

Article publié le 23/07/2020, dernière mise à jour le 19/09/2023

Cet article a pour vocation de prendre un peu de recul sur les dernières évolutions en termes d'outils et d'essayer de comprendre l'évolution de notre métier à long terme.

Pour vous expliquer le contexte, j'ai ressenti le besoin d'écrire sur ce sujet en voyant passer le tweet ci-dessous après qu'il ait fait le tour de la communauté des développeurs web sur Twitter et qu'il en ait effrayé plus d'un...

This is mind blowing.

With GPT-3, I built a layout generator where you just describe any layout you want, and it generates the JSX code for you.

W H A T pic.twitter.com/w8JkrZO4lk

— Sharif Shameem (@sharifshameem) July 13, 2020

Dans cette vidéo, on voit une intelligence artificielle basée sur le langage de modélisation GPT-3 (Generative Pre-Training) produire du code JSX à partir d'une phrase écrite par un être humain. Impressionnant non ?

Alors, avec la puissance de l'intelligence artificielle et l'explosion des outils no-code (et low-code), est-ce que le métier de développeur risque de disparaitre demain ?

Un point sur l'intelligence artificielle

On parle beaucoup de l'intelligence artificielle et de l'impact de son évolution sur le marché du travail, prédisant jusqu'à l'automatisation de 47% des emplois aux U.S d'ici la moitié des années 2030.

Mais qu'en est-il pour les développeurs ?

Les travaux sur l'automatisation des tâches répétitives afin d'accélérer le développement web et logiciel ne date pas d'aujourd'hui. En creusant un peu, on retrouve des articles scientifiques traitant par exemple de génération de programmes en COBOL basé sur l'IA depuis les années 1976.

En 2018, Microsoft a même mis à la disposition du public un outil appelé "Sketch2Code" permettant de transformer un croquis de basse qualité en une page HTML contenant tous les éléments dessinés.

Comme on peut le constater, en terme de génération de code, l'intelligence artificielle en est encore à ESSAYER de nous faire gagner du temps sur les tâches répétitives comme la génération de structures (graphiques ou logiques), ce que d'autres outils ont déjà réussi à faire depuis bien longtemps.

Rappelez-vous qu'il n'y a pas si longtemps que ça, nous étions encore obligés d'aller chercher, télécharger, inclure et mettre à jour nos scripts JS à la main...

A l'heure qu'il est, les outils développés par des développeurs, pour des développeurs nous ont permis d'être bien plus efficaces que les outils basés sur l'intelligence artificielle.

L'avenir du no-code

Airtable, Glide, Wix, Typeform, Shopify, Stripe font tous partie de ces outils qui dominent le marché du "no-code", autrement dit qui permettent de développer des sites et des applications mobiles sans jamais toucher une ligne de code.

Je n'ai pas pu trouver d'étude sur le marché de ces outils, mais pour ce qui est du "low-code", le marché global équivaudrait en 2020 à 13.2 milliards de dollars et devrait atteindre les 45.5M$ d'ici 2025, une somme non-négligeable mais qui reste une goutte d'eau dans l'océan des 456 milliards de dollars si l'on compte uniquement le développement logiciel (desktop et mobile en 2018).

L'arrivée de ces outils sont à mon sens une bonne nouvelle pour l'industrie, cela permet à plus de monde de devenir acteur de la technologie même sans avoir toutes les connaissances techniques et de créer de l'émulation autour de l'innovation d'usage.

Pour la plupart des utilisateurs, particuliers comme entreprises, leurs contraintes budgétaires ne leur permet de toutes façons pas de s'offrir les services d'un développeur professionnel, n'impactant donc que modérément le marché du développement.

Conclusion

Je ne pense pas que le métier de développeur disparaitra d'ici 20 ans, mais il ne ressemblera sûrement pas non plus à ce qu'on connait aujourd'hui, et en même temps cette évolution a commencé il y a 20 ans déjà.

Dans les années 2000, il était encore possible de trouver un job en tant qu'intégrateur web lorsque l'on connaissait HTML et CSS, aujourd'hui à moins d'être une pointure dans les animations et l'intégration pixel-perfect, le métier d'intégrateur n'existe presque plus, nous sommes devenus des développeurs front-end.

Et encore, le type de profil le plus recherché aujourd'hui reste le développeur fullstack (si tenté qu'ils existent réellement) demandant donc des compétences encore plus poussées, avec des outils et des frameworks toujours plus complexes.

Je pense que dans un avenir plus ou moins lointain, deux grands profils se dégageront :

  • Les expert(e)s des outils no/low-code qui auront une petite connaissance technique mais sauront surtout manier les outils à la perfection, allié à une forte créativité en terme d'expérience utilisateur et design graphique.
  • Les ingénieur(e)s spécialisés dans des domaines très précis et pointus comme l'embarqué, la robotique, le jeu vidéo, le traitement de données, l'intelligence artificielle, etc...

Certes cette séparation existe déjà plus ou moins, mais je pense que nous la verrons atteindre un point que nous n'imaginons pas encore aujourd'hui.


Florian Schmetz sur Unsplash

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