La vraie signification du terme «hacker»

Une définition bien éloignée de son usage de tous les jours.

Article publié le 23/02/2021, dernière mise à jour le 19/09/2023

Lorsque l'on entend le terme "hacker" ou "hackeur" dans les médias, c'est la plupart du temps pour désigner un malfaiteur utilisant l'informatique pour causer du tort à une personne, un groupe ou une entreprise à des fins personnelles ou financières.

Mais cette utilisation du mot est-elle correcte ou est-ce un abus de langage ?

Le mot "hack" nous vient d'Angleterre et son origine nous renvoie quelques mille ans en arrière, dans le district de Hackney faisant aujourd'hui partie de la ville de Londres.

À l'époque, ce morceau de terre abrite un pâturage dans lequel une race particulière de chevaux verra le jour et prendra elle aussi le nom de : Hackney.

Cette race sera principalement employée pour tracter des cariolles et ce moyen de transport populaire prendra donc le nom de "hacks", désignant spécifiquement les cariolles n'appartenant pas à de grandes familles bourgeoises, mais travaillant dans la rue et pouvant être embauchés sur demande.

Le terme se perdra pour devenir le "taxi" ou "taxicab" que l'on connait, mais au 18ème siècle le préfixe "hack-" sera utilisé pour désigner un emploi de courte durée, souvent de qualité discutables comme les "hack-writer".

À noter que le verbe anglais "to hack" désigne aussi depuis des centaines d'années le fait de découper grossièrement quelque chose, un dérivé du mot "axe", la hache.

Ce n'est qu'en 1959, au sein du MIT dans le Tech Model Railroad Club que le terme "hack" utilisé par les passionnés d'électronique verra sa définition être relié au monde balbutiant de l'informatique.

Le "Tech Model Railroad Club" est un club où plusieurs figures de l'histoire de l'informatique se sont retrouvées, pour bidouiller de l'électronique dans leur temps libre. Ce club, tout comme le Homebrew Computer Club sont aujourd'hui des clubs mythiques dans l'histoire de l'informatique moderne.

La définition alors proposée par Peter R. Sampson est la suivante (traduite) :

"hack : quelque chose fait à des fins non-constructives ; un projet peu rigoureux; un amplificateur d'entropie ; produire, ou essayer de produire, une bidouille"

Comme vous pouvez le constater, à l'époque, ce terme n'a pas de connotation illégale, on y parle de travail "baclé" mais l'idée d'outre-passer la loi n'en fait absolument pas partie.

Mais c'est dans les années 70 que le terme a commencé à se galvauder, notamment avec l'arrivée de passionnés d'électroniques (hackers) déterminés à détourner le réseau téléphonique, dans le meilleur des cas pour appeler gratuitement, ou dans le pire pour s'infiltrer dans les grandes entreprises en utilisant l’ingénierie sociale.

On pourra notamment citer la mythique Blue Box, un appareil permettant d'appeler gratuitement et qui aura fait les premiers succès de Steve Wozniak et Steve Jobs

À partir de ces années-là, le mot va commencer à glisser petit à petit pour perdre sa signification d'origine auprès du grand public pour devenir, à tord, un terme directement relié à des infractions.

Si l'on devait donner une traduction littérale moderne au mot anglais "hack", on devrait aujourd'hui parler de "bidouille", et parler des "hackers" non pas comme des criminels, mais comme des "bidouilleurs" qui détournent l'utilisation classique de certains outils afin de créer de nouvelles possibilités.

C'est d'ailleurs cette vision qui a amené la popularisation du terme "growth-hacker".

Afin d'éviter toute confusion, les spécialistes en sécurité informatique ont depuis quelques années créé de nouveaux termes afin de séparer les différentes philosophie dans le hacking :

  • "white-hat" désigne les experts en sécurité qui cherchent des failles avant de prévenir les entreprises concernées
  • "black-hat" désigne les cybercriminels, cherchant à récupérer des données afin de les exploiter, détourner ou les revendre à des fins monétaires.
  • "grey-hat" qui utilisent leurs compétences pour le fun ou pour troller, sans vouloir réellement nuir.

Sean Whelan sur Unsplash

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